La Chine a enregistré une croissance de son produit intérieur brut (PIB) de 5,3% sur un an au premier trimestre 2024, soit mieux que les 4,6% attendus par le consensus et au-dessus de la croissance d’environ 5% visée par Pékin pour cette année. En rythme trimestriel, le PIB a progressé de 1,6% par rapport au 4e trimestre 2023, contre une hausse de 1,2% au trimestre précédent. Dans l’ensemble, le PIB du premier trimestre a été une surprise positive, car il a montré que l’économie chinoise continue de se redresser malgré les inquiétudes persistantes des marchés. Néanmoins, la consommation des ménages et l’immobilier restent faibles.
C’est surtout le secteur de l’industrie qui a soutenu l’activité lors du trimestre écoulé et l’accélération des investissements en capital fixe a été un moteur de croissance clé. La croissance des investissements dans l’industrie manufacturière a frôlé les 10% en glissement annuel, emmenés par les secteurs de la technologie et la transition énergétique qui bénéficient de subsides des autorités. Le secteur manufacturier de haute technologie reste une priorité politique du gouvernement, en particulier dans les secteurs stratégiques clés où il existe un besoin perçu d’une plus grande autonomie technologique. Les investissements publics dans les infrastructures ont également affiché une hausse importante (+6,5% sur un an).
Cependant, la confiance des ménages reste morose. Les consommateurs chinois sont devenus plus prudents dans leurs schémas de dépenses face à un marché de l’emploi incertain et aux faibles perspectives de revenus. Les ventes au détail ont seulement progressé de 3,1% sur un an en mars, soulignant le ralentissement de la dynamique de croissance après les fêtes du Nouvel An lunaire en février. Dans la foulée, l’inflation annuelle est retombée à 0,1% en mars, après une hausse de 0,7% le mois précédent, montrant que les pressions déflationnistes subsistent. Le gouvernement chinois a récemment annoncé diverses mesures avec pour objectif d’accroître la confiance des consommateurs, notamment un assouplissement des exigences en matière de crédit auto. Nous pensons que ces mesures devraient conduire à une amélioration progressive de la demande au deuxième semestre 2024.
Dans le même temps, le secteur immobilier reste aussi en proie à des difficultés. Les prix de l’immobilier ont de nouveau baissé dans les principales villes en mars, mais à un rythme plus lent que précédemment. La faiblesse du secteur immobilier se fait aussi ressentir dans d’autres secteurs connexes, comme le ciment et l’acier. Dans l’ensemble, les investissements dans l’immobilier ont encore reculé en mars, pour s’inscrire en baisse de -9,5% sur un an. Les agences de notation internationales ont dégradé certains grands promoteurs en raison de la faiblesse de leurs ventes et de l’érosion de leurs marges bénéficiaires. Selon nous, le secteur immobilier chinois pourrait rester faible à court terme. Cependant, il est probable que le gouvernement continuera à soutenir les activités de financement des promoteurs, afin d’éviter tout risque systémique.
Le retour de l’indice PMI manufacturier (Purchasing Managers’ Index – le baromètre de la confiance des responsables des achats dans le secteur des services et l’industrie manufacturière) en zone d’expansion (50,8 points en mars), le rebond des commandes à l’exportation après des mois de contraction et l’amélioration attendue de la demande extérieure laissent augurer d’un rebond modeste des exportations cette année. Il conviendra néanmoins de surveiller l’évolution des négociations commerciales avec les Etats-Unis et l’Europe, où les autorités ont soulevé des inquiétudes concernant la surcapacité manufacturière de la Chine et le dumping présumé des exportations.
La Banque populaire de Chine (PBoC) reste confrontée à une tâche difficile entre d’une part stimuler la demande intérieure et, d’autre part, gérer les inquiétudes liées à la dépréciation du CNY. Lors de sa dernière réunion, elle a maintenu comme attendu le taux préférentiel de prêt à un an à 3,45% et le taux préférentiel de prêt à 5 ans à 3,95% (après une baisse historique de celui-ci en février dernier). Les données macroéconomiques récentes, comme l’inflation, les prix à la production et la croissance des exportations étaient décevantes, soulignant la nécessité de mesures de relance supplémentaires. La croissance des prêts a également été beaucoup plus faible que prévu en mars, avec de nouveaux prêts de 3.090 milliards de yuans contre 3.560 milliards escomptés.
Le report des attentes de baisses de taux de la Réserve fédérale (Fed) constitue aussi une évolution défavorable pour la PBoC, en raison de l’impact négatif sur le CNY de la hausse de l’écart de taux d’intérêt entre les Etats-Unis et la Chine. Dans ce contexte de défis pour l’économie chinoise, de dollar fort et de risques géopolitiques, la PBoC doit évaluer attentivement quels outils déployer pour soutenir la demande intérieure tout en contrebalançant les pressions extérieures. Nous anticipions une réduction du ratio des réserves obligatoires (RRR) des banques et à une dépréciation graduelle de la devise chinoise plutôt qu’à des baisses des taux directeurs.
Les réformes boursières devraient s’avérer un moteur clé pour les actions. Le Conseil d’État a publié récemment des projets de règles visant à promouvoir un développement de haute qualité du marché des capitaux par le biais des mesures suivantes : amélioration des normes de cotation, renforcement de la gouvernance d’entreprise et de la divulgation d’informations, intensification des critères de désinscription afin de protéger les droits des actionnaires minoritaires, renforcement du contrôle des activités de négociation, augmentation de la surveillance des titres et des établissements de financement, encouragement des distributions de dividendes et promotion des investissements à moyen et long terme sur le marché. Les bourses de Shanghai, Shenzhen et Pékin ont publié de nouvelles directives pour les sociétés cotées sur la base du projet de proposition de la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières (CSRC). Il s’agit de la troisième vague de réformes au cours des deux dernières décennies, après celles de 2004 et 2014. Ce mouvement suit des mouvements similaires de la bourse du Japon en 2023 et de la Corée du Sud en février 2024.
Les marchés boursiers chinois se sont stabilisés en février après le durcissement réglementaire sur les ventes à découvert et d’autres mesures de soutien telles que la baisse du RRR des banques et l’assouplissement des restrictions dans les secteurs de l’immobilier et des jeux. Les actions chinoises ont enregistré des performances positives en mars et avril et les rendements sont également devenus positifs depuis le début de l’année. Cependant, avec le regain d’aversion au risque sur les marchés mondiaux, les catalyseurs positifs potentiels pour les actions chinoises semblent limités à court terme. Cela dit, une reprise plus durable de l’économie intérieure, en particulier de la consommation des ménages, et toute autre mesure de relance budgétaire pourraient soutenir le sentiment au second semestre de cette année. Les opportunités dans les secteurs des biens de consommation discrétionnaire, de la technologie et de l’énergie verte pourraient devenir attractives une fois que l’économie commencera à se redresser. Ces secteurs devraient bénéficier le plus des politiques de soutien gouvernementales.
La Chine a fini le premier trimestre avec quelques signes indiquant que les mesures de relance gouvernementales fonctionnent. Le sentiment et la consommation semblent se redresser, mais toute amélioration doit s’inscrire dans la durée. L’évolution du marché immobilier reste au centre des préoccupations. Compte tenu d’une croissance modérée et du contexte économique extérieur difficile, avec l’intensification du débat autour des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, les autorités monétaires devront accomplir un exercice d’équilibre délicat pour stimuler la demande intérieure mais disposent encore d’une marge de manœuvre pour ce faire.
La situation actuelle invite à la prudence à court terme vis-à-vis des marchés d’actions chinois. Nous serions d’avis de rentrer à nouveau sur le marché lorsqu’il y aura une amélioration plus manifeste des données macroéconomiques, ainsi que du sentiment des investisseurs locaux et internationaux, de nature à attirer les afflux de capitaux. Pour mieux diversifier les risques, un investissement diversifié dans la région asiatique au sens large reste privilégié.
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